Comment prendre en charge un athlète en situation de handicap

Le 21 septembre dernier, Hexfit a eu la chance de discuter de la prise en charge de clients en situation de handicap avec Mélanie Béziat, enseignante en activité physique adaptée et préparatrice physique pour l’équipe de Rugby Handisport du Stade Toulousain. Voici notre discussion : 


L’accompagnement d’une personne en situation de handicap dans un contexte sportif peut être intimidant pour un professionnel qui n’a jamais travaillé avec ce type de clientèle auparavant.
Cet article vous outillera de nouvelles clés pour vos prises en charge, et vous amènera à envisager le handicap en confiance.

Par où commencer? 

Lorsque les gens entendent le mot handicap, ils pensent généralement à une incapacité motrice telle que la quadriplégie. Cependant, les quadriplégiques ou les utilisateurs de fauteuil roulant ne représentent que 3% des personnes en situation de handicap. Il faut donc commencer par définir le type de handicap.

 

Comment catégoriser les différents types de handicaps

pour l’accompagnement sportif?

  • Handicap moteur : atteintes physiques totales ou partielle
  • Handicap sensoriel : surdité, cécité, malvoyance, etc.
  • Handicap psychique : troubles de la personnalité, troubles de l’humeur, etc.
  • Handicap mental : déficience intellectuelle

Tous ces types de handicaps devront possiblement être pris en charge lors de l’activité physique. Le principe est simple : adaptez-vous au handicap de votre client. Si l’athlète est malentendant, vous n’irez évidemment pas lui expliquer son programme de façon verbale. Dans ce cas, il suffit de trouver une façon convenable pour vous et votre client de communiquer comme un support visuel par exemple.

Dans le même ordre d’idée, si votre client est non voyant, vous ne lui montrerez pas comment utiliser certains équipements en les utilisant devant lui. Il suffit d’utiliser des moyens verbaux ou sensoriels pour l’assister.

Évidemment, dans un contexte sportif, il serait injuste de jumeler un adversaire ayant une surdité légère avec un adversaire quadraplégique. Il faut donc équilibrer les chances de tous les participants dans la mesure du possible.

Joueurs de Rugby au Stade Toulousain Handisport

Comment entreprendre le sport et la compétition

en situation de handicap?

Tout d'abord, le taux de handicap de chaque personne doit être évalué et classifié selon la méthode de classification mise en place dans votre pays. Par exemple, en natation dans la finale du 100m en nage libre, il y a 11 finales donc, 11 catégories selon les types de handicaps. Ce principe de classification permet donc d’égaliser les chances des athlètes.

Il faut inévitablement établir l’objectif de l’athlète. Si ce dernier vise le sport de haut niveau tels que les jeux olympiques spéciaux (ou jeux paralympiques), la prise en charge devra être faite de façon à ce qu’il ait tous les outils ou coéquipiers nécessaires pour atteindre son objectif. Au contraire, si l’athlète désire pratiquer un sport de loisir, vous pourrez l’accompagner, par exemple, en ajoutant un handicap supplémentaire à ses coéquipiers. Le meilleur exemple de cette méthode serait les athlètes qui pratiquent leurs sports en fauteuil roulant, mais qui n’ont aucun handicap moteur. 

« Quand on [personnes qui ne sont pas en situation de handicap] sert de sparring partner, [...] on met des gants et on se scotche la main à plat pour ne pas pouvoir se servir de la main normalement. »
Mélanie Béziat

Enseignante en activité physique adaptée et préparatrice physique

Quelles sont les bonnes pratiques et les erreurs à éviter lors de la prise en charge d’une athlète en situation de handicap?

 

1     N’ayez pas peur de vous tromper!

La première démarche est simplement d’arriver à trouver l'exercice qui convient à votre client. Cependant, chaque handicap est différent et il est impossible de trouver les exercices convenables sans les essayer. Même si votre client n’a pas réussi un exercice, il est déjà plus avancé que lorsqu' il a commencé avec vous puisque vous connaissez mieux ses capacités suite à vos essais.

2     Évitez de lui vendre du rêve!

Il est inutile, voire nuisible, de poser des objectifs inatteignables tel que l’élimination du handicap. Contrairement à la démarche traditionnelle où vous travaillerez ce qui fonctionne le moins bien sur le corps, dans le cas d’un client en situation de handicap, travaillez plutôt ce qui n’est pas atteint par son handicap. Lorsque votre client aura fait des exercices adaptés à ses capacités, vous pourrez trouver des failles et commencer à travailler ses faiblesses.

3     Ne vous projetez pas dans votre client!

Lorsqu’un client en situation de handicap fait appel aux services d’un coach sportif, d’un entraîneur, d’un physiothérapeute, d’un préparateur physique ou même d’une kinésiologue, le but n’est pas nécessairement la réhabilitation. Bien que ce soit parfois ce que vous souhaitez, votre vision du handicap n’a aucune importance dans l’assistance de votre client. Celui-ci connaît sa situation mieux que quiconque et il est le mieux placé pour répondre à vos questions. Basez-vous sur ses capacités et détachez-vous des vôtres. Ce plan individualisé évite l’échec qui renvoie souvent à des traumatismes psychologiques dans le cas d’une personne ayant eu un accident qui pourrait croire que cet échec est causé par lui-même alors qu’il est causé par le manque de compétence du professionnel.

 

« Le handicap prend trop d’espace dans la tête des professionnels lors d’une rencontre. En fait, retirons le fait que la personne est en situation de handicap, il faut simplement se demander quelles sont ses limites, ses succès, ses échecs, [...] ses enjeux, sa personne et individualisons [cette personne]. Peut-être qu’on met trop de poids sur cet élément en particulier. »
Étienne Dubois

Fondateur de Hexfit

4     Utilisez les bons outils!

Vous aurez beaucoup d'informations à prendre en compte lors de la prise en charge d’un client en situation de handicap et les suivis de la charge d’entraînement devront être adaptés. Vous pouvez trouver toute l’information nécessaire au suivi de la charge d’entraînement ici :

Centraliser ces informations vous permettra d’assurer un meilleur suivi et si vous devez vous absenter, vous aurez l’esprit tranquille puisque vous saurez que le travail que vous avez fait est disponible pour les autres professionnels et que l’historique de toutes les actions sera disponible.

Capture d'écran du logiciel Hexfit

 

 Le logiciel Hexfit vous permet aussi de partager l’information entre les professionnels. Autrement dit, le médecin de votre client pourra voir toutes ses données et il pourra vous donner l’information nécessaire à son accompagnement directement dans l’application.

 

 Bien évidemment, les exercices devront être adaptés et grâce à la base de données de plus de 10 000 exercices de Hexfit, votre client pourra avoir accès à des explications claires dans le cas de votre absence.

Logiciel Hexfit

Est-ce que la performance est un

objectif réalisable pour un athlète

en situation de handicap?

La performance est sans aucun doute atteignable pour un athlète en situation de handicap. Tout comme vous, l’athlète a besoin d’outils et d’un suivi adapté et individualisé pour performer. 

Mélanie a d’ailleurs entraîné trois athlètes de Rugby qui ont représenté la France aux jeux olympiques adaptés de Tokyo 2020. 

Portrait de Mathieu Thiriet, athlète paralympique en rugby
Mathieu Thiriet
Athlète de rugby fauteuil aux jeux
paralympiques de Tokyo 2020

Comment individualiser l'expérience de l'athlète?

Posez les bonnes questions, au bon moment. Demander à une personne en situation de handicap ce qu’il a eu comme accident dès votre première rencontre est un énorme faux pas. C’est une question très personnelle et ce handicap ne le définit pas comme personne. Que ce soit un handicap de naissance ou un accident de ski, le handicap reste le même et la cause a peu d’importance. Si votre client veut en discuter, il abordera le sujet lui-même.

 

La prise en charge d’un client récemment accidenté ou d’un client en situation de handicap depuis la naissance sera extrêmement différente. Voici donc quelques questions qui vous aideront à mieux comprendre votre client :

  1. Quel est son état de santé général?
  2. Quel est son niveau d’autonomie en général?
  3. Est-ce qu’il a facilement accès aux transports?
  4. Quel est son antécédent par rapport au handicap? Est-ce un handicap de naissance? Est-ce un handicap dégénératif?
  5. Où en est-il par rapport à son handicap? L’a-t-il accepté?

Une simple conversation vous permettra de comprendre sa situation quotidienne. Si cette personne n’a aucune aide au quotidien, cela pourrait expliquer un certain état de fatigue. Lorsque vous aurez une vision globale de votre client, vous pourrez mieux définir le chemin à prendre pour atteindre son objectif.

 

En conclusion, n’ayez pas peur de mal faire. Intéressez-vous à votre client et posez les bonnes questions pour être à l’aise avec sa situation et surtout pour tisser un lien de confiance avec celui-ci.

Étienne Dubois

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