Comment gérer les blessures du LCA sans compromettre les rêves de tes athlètes

La blessure aux ligaments croisés antérieurs est l’une des plus communes chez les sportifs. On entend souvent dire qu'après une blessure au LCA, la pratique d’un sport est impossible. C’est pourquoi de nombreux sportifs de haut niveau stoppent leur carrière à la suite d’une blessure du LCA.

Pourtant, ce type de blessure n’est pas une fatalité. Des solutions existent pour permettre aux athlètes de reprendre leur carrière et de poursuivre leurs rêves. En tant que professionnel de l’activité physique, tu dois connaître les options qui s’offrent à ton client pour rétablir sa blessure.

Dans cet article issu d’un Webinaire avec Mai-Linh Dovan de Rehab-U, nous t’expliquons :

  • Le rôle du ligament croisé antérieur (LCA)
  • Les causes des blessures du ligament croisé antérieur (LCA)
  • Les symptômes d’une lésion du ligament croisé antérieur (LCA)
  • Que faire dans le cadre d'une réhabilitation après une blessure du LCA ?
    • 1. Le screening
    • 2. Le rétablissement du mouvement fondamental
    • 3. Le programme de réadaptation
    • 4. L’entraînement en charge spécifique
  • Le programme de réhab 2.0 - Étude de cas
  • La prévention des blessures du ligament croisé antérieur (LCA)

À propos de Mai-Linh Dovan & Rehab-U

Mai-Linh Dovan - Thérapeute du sport dans le domaine de l’entraînement

Mai-Linh a créé son centre de formation, Rehab-U qui propose des formations pour les entraîneurs, coach sportifs, kinésiologues ou tout autres professionnels du mouvement. Ces formations sont axées sur la prévention, l'optimisation du mouvement ainsi que sur la réadaptation, la réathlétisation après la blessure.

Mai est titulaire d’un BAC Sc. Athletic Therapy de l’Université Concordia. Elle possède également une maîtrise Sc. Exercise Science. Enfin, Mai est chargée de cours à l’Université du Québec à Trois- Rivières dans le cadre du programme de thérapie du sport.

Quel est le rôle du ligament croisé antérieur (LCA) ?

Le LCA passe devant un autre ligament, le ligament croisé postérieur (PCL). Les ligaments croisés tirent leur nom du fait qu'ils forment une croix dans le genou alors qu'ils s'étendent dans différentes directions de la cuisse au tibia. Avec les autres ligaments du genou, le LCA maintient le genou stable et empêche les os de la cuisse et du tibia de se déplacer.

Lorsque les ligaments du genou sont étirés, mais pas déchirés, on parle d'entorse. Les blessures aux ligaments du genou reçoivent différents grades en fonction de leur gravité. Environ la moitié de toutes les personnes atteintes d'une blessure au LCA auront également des blessures à d'autres parties du genou, comme une déchirure du ménisque.

Causes des lésions du ligament croisé antérieur (LCA)

La plupart des lésions du ligament croisé antérieur (LCA) surviennent lors de sports, en particulier le football, le basket-ball et le ski. Les femmes sont plus susceptibles de se blesser au LCA que les hommes.

Une blessure au LCA peut survenir si l’athlète ou le sportif :

  • tord son genou, en particulier lorsque son pied est au sol - par exemple, il atterrit après un saut et tourne dans la direction opposée,
  • change rapidement de direction lorsqu’il court ou marche,
  • ralentit ou s’arrête brusquement en courant,
  • son articulation du genou est trop étendue,

S'il pratique des sports de contact, il peut également se blesser au LCA s'il reçoit un coup direct au genou ou suite à une collision avec un autre joueur.

Symptômes d'une lésion du ligament croisé antérieur (LCA))

Lors d’une blessure LCA, il est possible d’entendre un claquement et ressentir une douleur au genou. Le genou peut sembler instable et céder (ou avoir l'impression qu'il le fera), et il sera difficile de supporter du poids dessus.

S'il y a séance de sport, il est peu probable que de pouvoir continuer – l’athlète ne pourra pas marcher dessus. Il développera rapidement un gonflement autour de l’articulation du genou une heure ou deux après la blessure. Et il risque de perdre toute l'amplitude de mouvement de son genou.

Que faire dans le cadre d'une réhabilitation après une blessure du LCA ?

La réhabilitation après une blessure du LCA se compose de trois champs d'action :

  1. La réadaptation : réhabilitation + protocole post-opératoire, amplitude de mouvement, proprioception, force isolée, symétrie des membres.
  2. L'entraînement spécifique au sport : vitesse, capacité COD (changement de direction), agilité, entraînement technique et tactique.
  3. L'entraînement physique : hypertrophie, expression/taux de développement de la force, force spécifique (puissance/endurance).

La puissance du screening de mouvement

Le screening de mouvement permet de montrer l’existence de déficits évidents suite aux blessures et rehab précédentes.

Ce que dit le screening de l’athlète :

  • découvrir comment les athlètes bougent ou utilisent leur corps via des mouvements globaux et associatifs,
  • permet d’identifier les régions du corps où les mouvements sont limités, inégaux ou douloureux,
  • permet d’observer la volonté de l’athlète de se déplacer,
  • aide à identifier les régions du corps où des tests spécifiques doivent être réalisés.

En d’autres termes, le screening permet d’obtenir des informations précieuses.

On commence par le rétablissement du mouvement fondamental

Cette partie du processus se concentre sur la marche et la chaîne cinétique du membre inférieur.

La marche se compose de trois exigences fonctionnelles : absorption (capacité à dissiper les forces externes), la propulsion (capacité à propulser le corps en générant des forces internes), la stabilité (capacité à permettre la transition entre l’absorption et la propulsion).

La finalité est de permettre à l’athlète de pouvoir réaliser des gestes “à risque” (changement de direction brutal, rotation du genou, accélération...) sans risquer la blessure du LCA.

Pourquoi la plupart des programmes de réadaptation du LCA échouent

Plusieurs étapes doivent être franchies avant de parvenir à la réhabilitation de l’athlète :

  1. Restaurer la structure
  2. Restaurer la fonction
  3. Restaurer la force
  4. Restaurer la performance

Le moment où l’intervention de professionnels plus impliqués est importante est l’entraînement physique, entre la réadaptation et l’entraînement spécifique. Beaucoup d’athlètes blessés au LCA ne passent pas beaucoup de temps dans un processus de réadaptation de l’entraînement physique.

Ce n’est pas nécessairement par manque de compétences ou de connaissances du professionnel de santé. Il s’agit plutôt de l’expérience que vit l'athlète qui va rapidement passer de la phase réadaptation à la phase entraînement spécifique. Cela peut être dû à un manque de cohésion ou de collaboration. Ici encore, cette étape demande beaucoup d’intervenants, ce qui rend cela très complexe dans la pratique.

Comment une charge spécifique en réadaptation évite l’échec de la préparation ?

On note également qu’il y a un conflit entre la biomécanique des performances de changement de direction optimales et celles optimales pour atténuer les charges articulaires du genou. (source : Donelon et al 2020). À cela s’ajoute que certaines postures à haut-risque sont nécessaires pour réaliser des changements de direction plus rapides.

Il existe donc un conflit performance-blessure. Rares sont les athlètes qui vont adopter des stratégies de mouvement plus sûres même si cela nuit à la rapidité de performance.

Ce qu’il faut retenir

  • sur le plan sagittal et frontal des éléments sont à restaurer en termes de mouvement fondamental et de force,
  • ces fondamentaux sont indispensables à l’athlète pour absorber, répartir et transférer les forces,
  • dans le plan frontal et transverse, les mouvements du membre inférieur sont nécessaires à la performance,
  • les athlètes ont peut-être besoin d’une meilleure capacité à tolérer des charges élevées dans des postures à haut-risque.

Étude de cas

Le programme de réadaptation 2.0

Virginie est une athlète qui a commencé à jouer au soccer à l’âge de 4 ans. Dès ses 11 ans, elle est passée à un niveau compétitif pour atteindre un niveau élite. À 27 ans, elle jouait à un niveau universitaire.

Au cours de sa carrière, Virginie à subit
3 blessures au LCA, toutes survenues via
des mécanismes sans contact :

  • la première à 15 ans
  • la seconde à 17 ans
  • et la troisième à 18 ans

Lors de sa réhabilitation, Virginie a eu le sentiment d’être laissée à elle-même. On l’a invité à aller au gymnase et à renforcer sa cuisse pour qu’elle soit aussi grosse que l’autre. Elle a ensuite réalisé le test Biodex qui a permis de déterminer que ses ratios quad/ischios-jambiers étaient corrects.

Les réhabilitations qui ont suivi lui ont semblé similaires, sans sentiment de progression, avec un processus qui va de l’entraînement au match.

Le programme de réhab 2.0 de Virginie

Objectif : diminuer le risque de blessure et optimiser sa performance.

 

Le programme est découpé en 3 séquences qui structurent le processus de rehab :

  1. Mobilisation : créer de l’espace en travaillant la mobilité multidirectionnelle pour la rendre optimale et permettre une capacité de mouvement et des degrés de liberté optimaux.
  2. Activation : créer de la conscience en développant une capacité de dissociation optimale pour une meilleure stabilité et contrôle amélioré.
  3. Intégration : créer un comportement en ciblant la capacité d’association pour absorber, répartir et transférer les forces en amont et en aval de la chaîne cinétique.

La prévention des blessures du ligament croisé antérieur (LCA)

Que l’athlète soit en réhabilitation, en préhabilitation, en optimisation du mouvement ou en performance, il est primordial de prévenir les blessures du ligament croisé antérieur.
La prévention primaire

  • prévenir la première blessure
  • intervenir sur les facteurs de risque

La prévention secondaire

  • prévenir l’aggravation de la blessure
  • limiter les conséquences, corriger les facteurs causatifs

La prévention tertiaire

  • prévenir les futures blessures (récidives)
  • diminuer les séquelles fonctionnelles

En bref

Les blessures du ligament croisé antérieur (LCA) sont fréquentes, mais peuvent être rétablies avec un traitement qualitatif. Il est primordial de les traiter le plus rapidement possible pour éviter qu’elles se dégradent.

En tant que coach, si tu n’as pas les connaissances et formations requises pour créer un programme de réhabilitation pour ton client blessé, tu dois assurément le référer à un professionnel de la réhabilitation. 

Tu ne seras pas perçu comme un professionnel moins compétent, mais bien comme un professionnel à qui on peut faire confiance.

Si tu veux devenir un spécialiste en thérapie par le mouvement et la performance, on te recommande fortement les formations Rehab-U.

Étienne Dubois

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